Salvatore GIBILARO (1889 – ?)
Né à Porto Empedocle en 1889, ajusteur-forgeron, il quitte la Sicile pour Tunis puis le Maroc. Entre chemins de fer militaires, port de Casablanca et Office chérifien des phosphates, son parcours incarne la vie des migrants siciliens en Afrique du Nord.

Repères biographiques
Salvatore GIBILARO naît le 20 septembre 1889 à Porto Empedocle (province de Girgenti, Sicile), au 10 Via Spinola.
Il est le fils de Calogero Gibilaro et Giovanna Cumbo. Huitième enfant de la fratrie, il grandit dans une famille déjà bien implantée dans le port sicilien.
Le 15 septembre 1921, il épouse à Casablanca (Église San Buenaventura) Francesca Vinco (née à Marsala en 1896, fille de Giovanni Vinco et Rosa Albonato). Le couple fonde son foyer au Maroc, où naîtront plusieurs enfants.
Descendance (enfants documentés)
Les registres civils et les dossiers de naturalisation mentionnent au moins cinq enfants du couple GIBILARO–VINCO :
- Giovanna Maria (née le 18 juillet 1922 à Casablanca). - Rosa (née le 23 septembre 1925 à Khouribga). - Calogero (né le 12 juillet 1927 à Casablanca). - Hélèna (née le 21 juillet 1931 à Khouribga). - Maria Ida (née 24 août 1935 à Casablanca).
- Cette liste reflète les enfants actuellement retrouvés ; il se peut qu’il en existe d’autres.
Parcours professionnel
Salvatore est ouvrier ajusteur-forgeron, une profession qu’il exercera toute sa vie.
Son parcours migratoire et professionnel illustre l’histoire de milliers de Siciliens partis chercher du travail en Afrique du Nord.
- 1903–1912 (Tunis) : il travaille chez les minotiers Jean Calo et Pisani Bocce, à Bab Aliwa. - 1912–1920 (Casablanca) : ouvrier wagonnier aux Chemins de fer militaires du Maroc (5ᵉ Génie). - 1920–1922 (Casablanca, Cie Schneider) : « visiteur de trains » pour les travaux du port. - 1922–1933 (Khouribga) : ouvrier à l’Office chérifien des phosphates, en qualité de visiteur-wagonnier.
- Licencié en avril 1933 lors d’une réduction de personnel.
Les enquêtes administratives menées en 1933 à Casablanca et Rabat dressent de lui un portrait positif : travailleur sérieux, bonne conduite, relations cordiales avec ses camarades et absence d’engagement politique. Ses supérieurs le décrivent comme un ouvrier apprécié et respecté.
Service militaire et sursis
Bien qu’ayant été déclaré apte au service militaire italien lors de la guerre de 1914–1918, Salvatore obtient un sursis d’appel en tant qu’ouvrier indispensable aux chemins de fer militaires du Maroc.
Il explique avoir reçu ce sursis par l’intermédiaire du consulat d’Italie à Casablanca et de la direction des chemins de fer. Les justificatifs étant restés au consulat, il ne put en fournir de copie lors de sa naturalisation.
Démarches administratives
Le 19 avril 1933, Salvatore dépose une demande de naturalisation française.
Les enquêtes de moralité soulignent :
- Aucune condamnation judiciaire. - Vie familiale stable avec son épouse et ses enfants. - Bonne réputation auprès de ses chefs et collègues.
- Le commissaire spécial du port de Casablanca écrit en juin 1933 qu’il a « toujours entretenu de bonnes relations et vécu en bonne intelligence avec ses camarades ».
Le rapporteur Leandri conclut à un avis favorable à sa naturalisation.
En février 1942, son dossier est réexaminé par la commission de révision instaurée par le régime de Vichy, comme pour tous les naturalisés, mais l’issue finale n’a pas encore été retrouvée.
Héritage
Salvatore Gibilaro incarne la trajectoire d’un Sicilien ordinaire devenu pilier d’une famille ouvrière au Maroc.
De Porto Empedocle à Tunis, de Casablanca à Khouribga, son parcours reflète l’histoire des migrations méditerranéennes du début du XXᵉ siècle : travail dur, intégration progressive, volonté de donner un avenir meilleur à ses enfants.
Son souvenir demeure celui d’un homme de labeur, de dignité et de stabilité familiale, qui a contribué à écrire une page de la présence sicilienne en Afrique du Nord.
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